Normandie : terre-de-nos-mères

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Le sire de Gouberville

 

C’était une de mes « vieilles connaissances » puisque j’avais fait un exposé sur son fameux Journal en licence d’histoire, c’était en 1977 et je pense que Madeleine Foisil n’avait pas encore publié son livre magistral, je m’attaquais donc aux 817 pages de l’abbé Tollemer et cotoyais ce cher Gilles de Gouberville pendant plusieurs semaines.

Lors de ma première expédition généalogique dans la Manche en Aout 2014, j’en profitais pour lui rendre visite au Mesnil au Val et voir s’il restait quelque chose de son manoir, de son cadre de vie.

 

la tour seul vestige

 

 

Voici les derniers vestiges du manoir qui fut détruit par un incendie en 1886.

En haut de la tour, on distingue les trous du colombier, symbole de noblesse puisque seuls les nobles avaient le droit de colombier et aussi la magnifique fenêtre du XVI° siècle. Impossible de visiter sans rendez-vous mais je restais un long moment profondément émue devant cette tour où avaient retenti les pas de ce « bon menasgier ». La belle église « trapue » du village n’est pas celle qu’il a fréquentée, elle ne date que du XVIII°.

Mais, comme à mon habitude, je photographiais aussi le Monument aux morts. J’eus la surprise d’y découvrir un patronyme connu : Picot. L’habitude chez les nobles était de prendre le nom de la terre et peu à peu le patronyme réel de la famille passait au second rang, or celui de Gilles était Picot !

Aussitôt, je sollicitai le trésor inépuisable de Gallica et téléchargeai l’intégralité de son Journal, il me semblait bien que le Sire ne s’était pas marié. Au moins pour les années couvertes par le manuscrit, on en a la certitude car son oncle ne lui prête pas les 30 livres qu’il demande pour convoler  Mais il a des frères, y aurait-il encore des descendants des Gouberville au Mesnil ?

 

Est-il possible qu’Albertine Picot figurant parmi les victimes civiles de la Libération de Juin 1944 soit une lointaine descendante du Sire ?

Je regrette beaucoup aussi de ne pas avoir visité le cimetière (une autre de mes manies, pourtant) pour voir s’il existait d’autres Picot mais j’avoue que je n’ai fait le rapprochement qu’en relisant le Journal.

 

DSCN6760

 

 

Voyons donc ce que nous savons de la famille du Sire de Gouberville à partir de ses écrits et du panneau qui figure devant les vestiges du manoir.

La famille Picot est très ancienne et Gilles doit le prouver en Novembre 1555. Il passe un jour entier et jusqu’à minuit pour trouver les papiers « faisant mention de la noblesse de mes prédécesseurs et trouve d’empuis l’an mil IIII° (1400) » (p 13) ce qui lui permettait de conserver les anciennes franchises alors que « ceux qui n’avoyent pas fourni leur noblesse… étoyent déclarés contribuables et condamnés à six années de leur revenu » Une sérieuse motivation pour plonger dans les archives familiales !

Cette famille s’avère être originaire de Russy (arrondissement de Bayeux), au partage qui suit le décès du grand-père de Gilles, son oncle hérite des propriétés du Bessin donc vers Russy et son père de celles du Cotentin dont Gouberville dont il prend le nom de seigneurie. Toujours dans le Journal, on apprend comment se compose la fratrie de Gilles : 4 garçons et 4 filles. Il est l’aîné, François le second, Guillaume décède à Paris avant 1555 et Loys ; pour les filles, seule Tassine est dénommée, les autres ne sont citées que du nom de leur époux : André Le Bigne, M de Saint-Nazer et enfin une autre que l’on ne connait que par sa fille « ma nièce de Cresnay ».

Puis vient une autre parentèle : Guillemette, fille naturelle de son père qui a trois frères Symonnet (ils apparaissent sans cesse dans le Journal et vivent au manoir), Noël et Jacques. Enfin Gilles parle de sa grand-mère Tassine d’Orglandes (maternelle ou paternelle ?)

 

La château reste dans la famille Du Parc jusqu’à la Révolution.

 

Pour Gilles de Gouberville, l’année commence le 25 Mars, jour de l’Annonciation puisque son Journal est rédigé avant l’ordonnance de Charles IX de 1564 qui ordonna « de commencer l’année au premier jour de Janvier » et ne fut définitivement adoptée qu’en 1567. (p11) Les mois de Janvier Février et jusqu’au 24 Mars doivent donc être compris comme faisant partie de l’année suivante dans le Journal.

 

journal Gilles de Gilles de Gouberville

 

 

Gouberville Gallica

 

sur Gallica

 

Si vous êtes originaires de la Manche (ou pas), intéressez-vous à ce personnage passionnant et lisez son journal un témoignage sur son quotidien, ses greffes d'arbres fruitiers, le coût de ses chandelles  mais surtout ses relations sociales.

Un livre incontournable pour connaître la Manche au XVI° siècle !!!

 

 

 



22/12/2022
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