Normandie : terre-de-nos-mères

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Souvenirs de la Grande Guerre à Notre-Dame d'Epine

 

A partir de la plaque commémorative apposée sur le mur du cimetière, nous allons essayer d'en savoir plus sur les trois Poilus « morts pour la France » qui y sont inscrits :

 

plaque du souvenir ND

 

Sur le site « Mémoire des Hommes », nous allons retrouver leurs fiches mortuaires qui vont indiquer leur lieu de naissance et les circonstances de leur décès mais aussi leur bureau de recrutement militaire, leur régiment d'affectation et leur numéro matricule.

Premières remarques, ces trois hommes appartenaient au même régiment : le 224° RI et ils disparurent au cours de la même offensive, au tout début de la guerre, entre la Marne et l'Aisne. Les deux premiers seront fauchés les 14 et 15 Septembre à La Neuville , le troisième, le 24, à Berry au Bac. Le plus jeune avait 27 ans, les deux autres 31 ans.

La fiche nous indiquant leur bureau de recrutement, leur classe et leur numéro de matricule, nous pouvons, sur le site des Archives départementales de l'Eure, trouver leur extrait de registre matricule et ainsi compléter non seulement leur parcours militaire mais aussi leur état civil, leur apparence physique et leur degré d'instruction. Nous apprenons ainsi que Quesney et Vauquelin avaient été versés dans la réserve et dispensés l'un comme « fils aîné de veuve », l'autre comme « soutien de famille » ; ils furent pourtant mobilisés dès le 4 Août.

monument aux morts ND d\\\'Epine Quesney fiche

 

monument aux morts ND d\\\'Epine Vauquelin fiche

 

 

Aucun ne repose à Notre-Dame d'Epine ; Manchon a été « inhumé par les soins des autorités allemandes » et sa sépulture est inconnue

monument aux morts ND d\\\'Epine Manchon fiche

 

 

 ; pour Quesney, il n'est pas fait mention de son lieu de sépulture et il ne figure pas sur les listes du site « Sépultures de guerre » ; enfin Vauquelin est porté disparu et ne sera reconnu « mort pour la France » que par délibération du tribunal de Bernay en date du 20 Juillet 1920.

 

Tous trois sont domestiques et Manchon et Vauquelin résident à Notre-Dame d'Epine au moment de leur mobilisation.

 

Parallèlement aux destins individuels, on peut trouver d'autres renseignements à partir de leur régiment : le 224° RI. Le site « Mémoire des Hommes » a mis en ligne les journaux des Marches et Opérations (JMO) rédigés au jour le jour sur les batailles et engagements dans lesquelles chaque régiment se trouve impliqué :

JMO 1

 

Ces relations des événements si l'on s'abstrait du « style militaire » nous indiquent jour par jour et même heure par heure le déplacement des troupes et les combats qu'elles mènent. Malheureusement, ces journaux ne notent que les blessures ou les décès des officiers, pour les soldats, un chiffre suffit : 806 morts le 14 Septembre.

Par contre, les circonstances des affrontements sont très détaillés, le JMO du 224° souligne même que le régiment eût à souffrir plusieurs fois des tirs de l'artillerie lourde française ! En plus, bien sûr, des tirs ennemis.

 

On dit souvent que les Poilus étaient extrêmement fatigués lors de leur semaine de repos à l'arrière, en lisant les JMO, il est facile de comprendre la raison de leur épuisement ! Le 14 Septembre, après une journée entière de combat sans ravitaillement, le commandement déclenche « une attaque de nuit » à 3h du matin, s'en suit une nouvelle journée de combat ! Tout cela sans compter qu'au bivouac, il faut creuser des tranchées, ce qui prend une partie de la nuit, pour ressentir une sécurité même illusoire, d'autres doivent se rendre à la « popotte » pour chercher les vivres et les préparer.

En hiver s'ajouteront le froid, la neige ou la pluie et les chemins défoncés. J'avoue que, de nos jours, je me demande comment des êtres humains ont pu supporter de telles conditions de vie, physiquement et moralement !

 

Un site incontournable sur la Grande Guerre « Chtimiste,com » nous fournit une carte des combats qui se déroulèrent entre Marne et Aisne en Septembre 1914 :

 

carte du fronte Chtimiste

 

Elle permet de visualiser l'importante avancée des troupes entre le 7 et le 18 Septembre, opération qui impliqua aussi les troupes anglaises.

 

Après la mort de nos trois poilus, le 224° de Bernay prit part à de nombreuses et tristement célèbres batailles : l'Artois, la Somme et de nouveau dans l'Aisne.

 

batailles

 

 

Un autre régiment, en partie bernayen, le 24° RI, fut engagé dans la première bataille de la Marne et rejoignit le 224° à Berry au Bac.

 

Il est enfin possible de visualiser les lieux des combats en partant à la recherche de cartes postales anciennes sur le net ou en visitant virtuellement les musées consacrés à la Grande Guerre dans la région, le plus connu, la caverne du Dragon est situé sur le célèbre Chemin des Dames.

 

Reste à situer La Neuville ! Et ce n'est pas simple dans ces départements ( Marne et Aisne) qui ont connu bien des batailles de la Grande Guerre. Rien que dans la Marne existent La Neuville au Pont, La Neuville sur Orne, et la Neuville des Albris, toutes dévastées par la guerre mais aussi un hameau La Neuville les Cormicy, d'environ 50 habitants proche de Cormicy qui dispose d'un pont que les deux armées vont vouloir conquérir. Ce hameau disparu était proche de Berry au Bac et c'est celui qui me semble le plus vraisemblable pour être « la cote 100 ».



10/01/2023
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