Normandie : terre-de-nos-mères

Normandie : terre-de-nos-mères

Les langues d'Oïl ignorées

 

Il est de fait que l'instruction est arrivée plus tôt dans le Nord de la France que dans le Sud, j'ai des ancêtres picards et normands qui signent leurs actes de mariage dès le XVII° siècle

Mais peu de trouvères à part peut-être Charles d'Orléans, Rutebeuf et François Villon sont connus pour leurs œuvres en ancien francilien

Récemment, notre président affirmait qu'il n'existait pas de langue picarde (province dont il est originaire?) j'ai failli tomber de ma chaise ! car ce parler picard m'a coûté mon CAPES de Français : un texte d'Adam le Bossu ou de la Halle, trouvère picard du XIII° siècle proposé à la transcription tellement différent du francilien et encore plus de l'Occitan qu'un ami a cru que l'héroïne souffrait de l'estomac alors qu'elle avait des couches difficiles !!!

Depuis, j'espère que justice va être rendue à mes ancêtres picards puisqu'un texte de loi propose d'enseigner cette langue régionale dans les écoles (je n'ai pas pas de rancune envers Adam de la Halle, ses textes sont magnifiques, une fois trancris !)

 

Mais qu'en est-il des trouvères Normands ou plutôt anglo-normands ? Puisqu'il faut bien avouer que la conquête de Guillaume ne fut pas seulement territoriale mais aussi linguistique et culturelle : le vainqueur impose sa langue : le Normand qui se métisse au fil du temps de mots angles et saxons, un genre de pidgin qui va produire l'anglais actuel avec de fortes réminiscences du Normand cf parler croquant   de Claude Duneton (un ouvrage capital, oublié, Duneton est né au pays des troubadours Occitans et constate les méfaits de la colonisation d'Oïl mais il est aussi agrégé d'anglais et fait maintes références entre nos langues récemment séparées et si proches !)

 

parler croquant

 

 

Revenons-en aux trouvères anglo-normands comme Raoul de Ferrière au XIII° siècle

 

Vous l'aurez compris même si je ne maîtrise malheureusement pas tous les parlers anciens, je suis une passionnée de littérature du Moyen-Âge car elle peut produire des textes aussi nostalgiques, déjà, que les neiges d'antan :

« Dites moi où n'en quel pays est Véra la belle romaine, Archipias, Thais qui fut sa cousine germaine » Villon

et des textes aussi réalistes que ceux de Rutebeuf "Que sont mes amis devenus ?"

Qui nous confesse en beaux vers qu'il « a froid au cul quand bise vente » dans "la grierche d'hiver"

Les poètes modernes n'ont rien inventé la romance d'amour existait déjà en Occitan avec le "Se Canto" de Gaston de Foix dit Phoebus cf dans aujols-Laffont S comme Se canto et la joie de l'arrivée du Printemps doit beaucoup à Charles d'Orléans « le temps a laissé son manteau de vent de froidure et de pluie » mis en musique par Michel Polnareff

 

Alors enseignons toutes les langues locales (qui n'auraient jamais dû disparaître, j'en veux vraiment à Jules Ferry dans ce domaine !)

elles sont un patrimoine à sauvegarder comme les légendes ou les édifices de pierre et sont associées à toute une littérature méconnue mais passionnante.



06/05/2022
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